Rouleau de prière
Papier, XVIIe XVIIIe siècle. Empire ottoman. Fragment
Rouleau de prière
Papier, XVIIe XVIIIe siècle. Empire ottoman. Fragment
Ecriture notrgir
Le fragment contient d’abord une prière de protection suivie d’invocations inscrites dans des médaillons et adressées aux Saints Etienne, Jean-Baptiste et Grégoire l’Illuminateur, dont les potraits figurent au-dessus de chaque prière.
Leur iconographie rappelle celle des manuscrits tardifs, notamment des synaxaires réalisés à Constantinople .
Influencées par l’art post-byzantin et occidental, ces images sont simples et sommaires. L’avant dernier texte en bas de l’image, une prière de protection adressée à la Trinité, est inscrit dans trois médaillons et précédé de l’image du Christ enfant dans un calice, tenant deux rameaux fleuris de ses bras écartés.
La partie inferieure offre une illustration succincte du sacrifice d’Abraham. En-dessous, le texte correspondant est disposé en losanges selon une formule habituelle pour ce passage : les lignes descendantes des versets bibliques s’imbriquent avec celle ascendantes d’une prière qui se réfère aux symboles de la Passion (Feydit, 1986, p.10).
Provenance : ancienne collection Nourhan Fringhian.
Bibliographie : catalogue du Musée arménien de France, 1989.
Paris, Musée arménien de France, fondation Nourhan Fringhian.
Ioanna Rapti
cf Armenia Sacra, p. 32. Editions Somogy/Musée du Louvre 2007.
L’art du livre en Arménie est lié à l’invention de l’écriture. Jusqu’au Ve siècle de notre ère, les habitants du plateau arménien avaient successivement utilisé l’écriture cunéiforme (Ourartou), puis, au fur et à mesure des conquêtes, l’araméen (époque perse), le grec (période hellénistique et parthe) et les caractères latins (domination romaine).
Poussé par la nécessité d’avoir une écriture spécifique adaptée à la langue, un moine arménien, Mesrop Mashtots, inventa vers l’an 405 un alphabet composé de trente-six lettres ou graphèmes correspondant aux trente-six phonèmes de la langue orale utilisée au Ve siècle.
Le livre le plus diffusé et reconnu dans cette nation chrétienne, fut retranscrit en premier : La Bible.
Ceci permit l’apprentissage de l’alphabet par les nombreux copistes des monastères qui agirent comme un réseau de diffusion de la chrétienté renforçant par là même, l’identité arménienne. Cette transmission d’une culture et d’une religion permit de protéger l’identité d’une civilisation au-delà des vicissitudes de l’histoire.
Les textes furent au début, pour la plupart, de nature religieuse, bibliques (Bible-Evangiles) ou liturgiques (Lectionnaires-Hymnaires-Psaumes-Homéliaires, etc.).
À partir de la fin du IXe siècle, les multiples ouvrages crées dans les monastères, diffusent l'alphabet, la langue, la foi et la culture à travers l’écriture : et c’est l’union de la lettre et de la religion qui, malgré les atermoiements de l'Histoire lui supprimant régulièrement ses propres frontières, assureront la survie de ce peuple.
Pour agrémenter la lettre, le peintre prête son concours au scribe et c’est au travers du livre que nous avons la meilleure expression de l’art pictural arménien.
En 1511 apparaît le premier livre imprimé arménien, mais l’importance du manuscrit est telle que, au contraire des autres pays, l’impression de livres arméniens n’atteindra son plein développement qu’au XVIIIe siècle et ne pourra remplacer l’œuvre de la main avant le XIXe siècle.