Recueil de chants liturgiques, 1591

Recueil de chants liturgiques, 1591

Version intégrale sur la BVMM (IRHT-CNRS)
H 105mm / l 80mm (Ms.056)

Ce recueil de chants festifs liturgiques (en arménien Ergaran) fut copié en 1591, comme le précise son colophon à Cüngüs, évêché situé entre Diyarbekir et Malat‘ya, au sud-est de la Turquie actuelle. D’un petit format qui indique un usage privé, le manuscrit se caractérise par une facture soignée et l’abondance du décor peint, rehaussé d’or. Chaque grande section, suivant en principe l’ordre du calendrier liturgique, est marquée par une vignette dorée et colorée. Chaque chant commence par une lettre ornée suivie d’une ligne de texte dorée, tandis que les titres et la deuxième ligne sont en rouge. Le recueil comporte deux peintures en pleine page, Joachim et Anne, face à la Nativité de la Vierge et la Pentecôte, précédant l’ode correspondante. Enfin, une trentaine de miniatures marginales accompagnent les chants, placées au début, servant ainsi de repères visuels commodes. Quelques-unes évoquent des récits, comme Adam et Ève, d’autres représentent les saints commémorés comme Sainte Rhipsimé.

Joachim et Anne.
Les Hymnaires arméniens s’ouvrent sur le Canon de la Naissance de la Vierge : Canon de la splendide et miraculeuse naissance de Notre Dame la Vierge de Joachim et d’Anne. C’est en face de ce Canon qu’est placée l’enluminure en pleine page représentant les parents de Marie, Joachim et Anne (folio 3v°).

Tandis que l’Hymne est consacré à la glorification de la Vierge, l’enluminure représente la Prière d’Anne, épisode emprunté à l’Évangile apocryphe de l’Enfance du Christ où Protévangile de Jacques, dont la traduction arménienne remonte à une époque très ancienne.

Selon la version arménienne, Anne, ayant aperçu un nid de passereaux dans les branches d’un laurier, se désole dans son jardin à cause de sa stérilité et invoque le Seigneur. De son côté, Joachim prie dans le désert, où il se trouve avec ses troupeaux. Il demande à Dieu de lui accorder un enfant comme à son ancêtre, le patriarche Abraham. Un ange apparaît à Joachim puis à Anne, pour annoncer que le Seigneur va exaucer leurs prières. Les deux époux, avertis chacun de son côté, se rencontrent avec joie à la porte de Jérusalem.

Sur notre enluminure, on voit Anne en prière dans son jardin. Derrière elle, Joachim se tient dans un cadre architectural.

L’art occidental et byzantin ne représente jamais Joachim avec Anne au moment de sa prière. Généralement, dans les cycles narratifs consacrés à la vie de la Vierge, ils sont représentés séparément, ou bien lors de leur rencontre.

Par contre, dans l’art arménien, la représentation des parents de Marie est réservée uniquement aux Hymnaires. Et puisque Joachim et Anne sont tous les deux mentionnés dans le titre du Canon, ils sont toujours réunis dans la même composition. Un ange dans le coin supérieur, faisant un geste de bénédiction montre la faveur divine accordée au couple, tandis que l’édifice qui encadre Joachim évoque la rencontre des époux à la porte de la ville.
Cette formule iconographique devient en Arménie une illustration classique de l’Hymnaire et se rencontre dans les manuscrits du XVe au XVIIe siècle.

Edda Vardanyan.

Ecriture bolorgir sur une colonne de 21 lignes
Copiste : Gaspar

Provenance : Exécuté pour l’évêque Astuacatur de Cüngüs ; aux mains de David Maxtesi Azatxanenc‘ d’Amida/Diyarbekir au début du XVIIe siècle.
Les gardes collées en papier marbré décoré « au peigne » indiquent la présence du manuscrit en France au XVIIIe siècle.

Ancienne collection Nourhan Fringhian.
Bibliographie : Zibawi, 1995, fig. 40-45 ; catalogue du Musée arménien de France, 1989, n° 56.