Lettre de Jérusalem, 1824
Fragment de manuscrit sur papier, 1824
Lettre de Jérusalem, 1824
Fragment de manuscrit sur papier, 1824
La lettre du patriarche de Jérusalem est abondamment décorée.
La colonne de gauche figure les 12 apôtres avec leur attribut respectif.
Les scènes se lisent de bas en haut sur deux registres principaux.
Le texte commence sous les illustrations.
Deux anges présentent le sceau du patriarche au centre d’un soleil rayonnant. Au dessus, une représentation, fréquente dans les lettres pastorales, de la cathédrale du couvent des Saints Jacques, siège du patriarcat arménien de Jérusalem. C’est dans cette cathédrale dédiée aux deux apôtres et édifiée à l’endroit de leur martyre, que sont conservées les reliques de Jacques le Majeur et Jacques Frère du Seigneur. On aperçoit sur le toit du couvent à gauche un ange tenant la tête de Jacques le Majeur, dont la légende dit être enterré à l’intérieur de la cathédrale au pied du mur de la façade nord. L’ange figure l’endroit. L’apôtre est également représenté à droite sur le toit avec l’un de ses attributs, le bâton de pèlerin. On le remarque également au milieu des 12 apôtres à gauche, c’est le quatrième en partant du haut, tenant cette fois son bâton de la main droite. Au registre supérieur le Christ bénissant assis sur son trône, entouré de deux saints, puis au-dessus, la Crucifixion, la Résurrection encadrée des quatres évangélistes et tout en haut l’Ascension du Christ.
Edda Vardanyan
L’art du livre en Arménie est lié à l’invention de l’écriture. Jusqu’au Ve siècle de notre ère, les habitants du plateau arménien avaient successivement utilisé l’écriture cunéiforme (Ourartou), puis, au fur et à mesure des conquêtes, l’araméen (époque perse), le grec (période hellénistique et parthe) et les caractères latins (domination romaine).
Poussé par la nécessité d’avoir une écriture spécifique adaptée à la langue, un moine arménien, Mesrop Mashtots, inventa vers l’an 405 un alphabet composé de trente-six lettres ou graphèmes correspondant aux trente-six phonèmes de la langue orale utilisée au Ve siècle.
Le livre le plus diffusé et reconnu dans cette nation chrétienne, fut retranscrit en premier : La Bible.
Ceci permit l’apprentissage de l’alphabet par les nombreux copistes des monastères qui agirent comme un réseau de diffusion de la chrétienté renforçant par là même, l’identité arménienne. Cette transmission d’une culture et d’une religion permit de protéger l’identité d’une civilisation au-delà des vicissitudes de l’histoire.
Les textes furent au début, pour la plupart, de nature religieuse, bibliques (Bible-Evangiles) ou liturgiques (Lectionnaires-Hymnaires-Psaumes-Homéliaires, etc.).
À partir de la fin du IXe siècle, les multiples ouvrages crées dans les monastères, diffusent l'alphabet, la langue, la foi et la culture à travers l’écriture : et c’est l’union de la lettre et de la religion qui, malgré les atermoiements de l'Histoire lui supprimant régulièrement ses propres frontières, assureront la survie de ce peuple.
Pour agrémenter la lettre, le peintre prête son concours au scribe et c’est au travers du livre que nous avons la meilleure expression de l’art pictural arménien.
En 1511 apparaît le premier livre imprimé arménien, mais l’importance du manuscrit est telle que, au contraire des autres pays, l’impression de livres arméniens n’atteindra son plein développement qu’au XVIIIe siècle et ne pourra remplacer l’œuvre de la main avant le XIXe siècle.